lundi 16 mai 2016

Saudade

Le voyage...
Ah, le voyage.
C'est un moyen de s'évader. Un moyen d'aller découvrir de nouveaux horizons, aller à la rencontre de la différence. C'est un moyen de s'ouvrir aux autres, de changer de regard.
Le voyage en solitaire, c'est encore autre chose. C'est effectivement changer d'horizon, changer de regard mais la destination n'est pas si évidente que ça. Parfois nous pensons partir à l'étranger et en réalité c'est un voyage minuscule et vaste à la fois, au plus profond de soi. Aux limites du possible et du supportable. Un défi sur une pulsion, un besoin de changer d'air qui engendre, quand la démarche va jusqu'au bout, de grands moments de solitude qui passent par l'introspection mais aussi, de grands moments de bien être intense. 
On m'a parlé de courage, on m'en a demandé l'intérêt quand on sait que le voyage et le bonheur ça se partage. 
Courageuse, je ne sais pas. Parfois, on ne réfléchit pas. On se dit que c'est nécessaire, c'est un remède. On le croit du moins. On ne connaît pas les effets secondaires mais on sait que l'effet placebo existe, alors on mise dessus. 
Les effets secondaires parlons-en ! L'impossibilité de partager et donc la frustration. Se retrouver face à soi même avec l'envie parfois de reprendre un vol dans l'autre sens parce que notre propre compagnie nous insupporte. Parce que l'on ne se parle pas mais on ressasse. Que les gens qui sont restés emplissent notre vide. Que le vide c'est un manque plein de choses pourries. 
Et puis, il y a les bénéfices, ceux dont nous ne sommes pas conscients sur place mais qui, au retour, nous paraissent évidents. C'est avant tout le rythme que l'on se donne et qui nous est propre. S'arrêter pour prendre LA photo. On peut l'attendre. On peut rire et pleurer à sa guise et s'émouvoir devant des choses banales sans avoir à en rendre compte à personne.
C'est vaincre sa peur de l'avion et se dire que ce n'est pas si terrible. En apprécier même les turbulences. C'est faire à 45 ans passés des choses que l'on n'a jamais faites seule comme prendre un taxi, se repérer dans une ville étrangère, un métro et ne pas se perdre. Se dire que l'on est capable de tout ça et donc de bien plus encore....
C'est aussi garder ce fil de soie si ténu qui nous relie à ceux qui sont restés et pour lesquels on compte vraiment. En prendre conscience.
Les images que j'ai ramenées parlent de moi et de ce que j'étais là bas, seule avec mon appareil. Elles parlent sans doute du Fado et du Saudade.... Ce n'est pas un hasard. C'est le Portugal.

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