lundi 17 novembre 2014

Non dits...

Qui je suis moi? Lui avait-il demandé, son regard triste pour toute expression ?
"Tu es celui que j'aime aujourd'hui". 
Elle avait prononcé cette phrase de façon automatique mais évidente. Comment en douter?!
"Oui, aujourd'hui ...." lui répondit-il tout de go... 
Elle connaissait cette façon de répondre, ces phrases suspendues dans le vide, lancées comme une bouée à la mer, attendant qu'en face on s'en saisisse.
Au lieu de ça, elle l'avait regardée flotter, s'éloigner... Sans un mot. Elle était maintenant hors d'atteinte. Elle avait laissé passer sa chance de lui dire " tu es celui que je voudrais voir à la seconde précédant la bascule dans les bras de Morphée, celui qui accueillerait mon premier battement de paupières à l'aube, celui qui me tiendrait la main dans la rue, celui dont le sourire appellerait le mien, celui qui se régalerait de ma cuisine, de mes baisers, de mon amour. Celui dont j'essuierais les larmes, dont j'allègerais le cœur en l'écoutant raconter, ses peurs, ses détresses. Celui dont l'enthousiasme communicatif me ferait faire des pas de géant par ce qu'il a les mots et qu'il croit en moi, celui pour qui le mot vivre prendrait tout son sens à mes côtés. J'aimerais que tu sois celui la, par ce que tu es celui la mais que tu ne veux pas l'entendre."

Mais non, elle ne lui avait pas dit par peur peut être. Peur de prendre en plein visage sa réponse de cuirassier. Armé pour résister dont la riposte aurait été immédiate, un exocet cinglant, réaliste et assassin.  Non pour attaquer mais pour se protéger. 

Au lieu de ça le silence s'était installé.
Elle sentait ses yeux lui piquer, son regard s'embuer et sentit qu'elle ne pourrait pas retenir cette larme. 

Il lui avait tendu la perche et elle ne l'avait pas saisie. 
Et ils restaient plantés là dans cette cuisine, chacun muré dans son chagrin l'un attendant une réponse qui n'arriverait jamais, et l'autre rongée par le regret de n'avoir pas pu prononcer ces mots qui à présent la consumaient de l'intérieur.

Elle prenait ainsi conscience de sa détresse, sa solitude, ses envies et ses peurs, cette rivalité entre la raison et la passion. Ces notions qui transpiraient de ses toiles. 

Et elle avait mal, mal pour lui, mal pour elle, cette difficultzr de se rejoindre, de d'atteindre car elle comprenait à ce moment que la dureté de ses mots, de ses réactions n'était qu'une façon d'éviter de souffrir, encore une fois. Et que ça n'avait rien à voir avec cet amour qu'elle pensait à sens unique.
Que de sa part à lui c'était un acte d'amour et de respect. 
Qu'il était différent des autres autres hommes. Ca, elle n'avait pas voulu l'entendre quand lui s'entêtait à lui rappeler, mais aujourd'hui, à cet instant elle en était convaincue.

Il lui vint à cet instant ce titre "fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve..."
Sa peur de souffrir le condamnait à la solitude. 

mercredi 5 novembre 2014

A la noirceur de mes nuits, le flot de mes mots



Et voilà! La nuit, une fois de plus joue avec moi. Elle doit se sentir bien seule pour me sortir de mon sommeil.
Les bruits extérieurs me parviennent, étouffés comme le vent qui chahute la pluie avant qu'elle n'atteigne le sol. 
A la noirceur de la nuit, les événements prennent une épaisseur inquiétante. L'œil de mon cerveau voit bien mieux dans le noir.
Les émotions sont stimulées, elles effleurent la surface de ma peau devenue extra sensible , elles prennent le contrôle de mes réflexions, et l'analyse qu'elles font de toute chose semble tellement plus approfondie, plus lucide. Mais est-ce la vérité ou une vision faussée de ce qu'elles perçoivent ?
Mon art mute la nuit, comme le loup garou, à la faveur de l'insomnie, comme lui de la lune, je laisse pour un temps mon habit de photographe pour revêtir en secret celui d'écrivain, poète. Les mots affluent à mon esprit encombré. Ils s'imposent à moi comme une évidence, trouvent leur place, leurs sens, leur ordre. Ils s'alignent tout naturellement les uns derrière les autres, pour former, braves petits soldats, des phrases un peu chaotiques en version écriture automatique à la façon des dadaïstes.
La nuit, je suis autre. Je suis imposteur! Mais qui est le réel imposteur : la barbara diurne, ou celle nocturne?
Et s'il n'y avait pas d'imposture juste une artiste un peu plus complète qu'il n'y paraît pratiquant des arts mal cloisonnés, pas définis, mais tournés vers la création multiple. Une chance me direz vous. Je suis multi-cartes!
Malgré ca, je n'aime pas ces espaces temps où mes idées les plus fixes, s'engouffrent dans la brèche de l'inquiétante spirale de l'impossible, du compliqué, là où la banalité devient complexité et l'évidence est remise en question.
Dans ces moments là j'aimerais etre télépathe, aller taper au cerveau de certains, pour y trouver une oreille, une épaule...Et puis une bouche pour partager ces moments pesants de solitude.

Malheureusement, mon seul compagnon de galère est le plafond un peu trop noir de ma chambre dans cette nuit qui s'annonce d'ores et déjà un peu trop longue.